Réveil à 7h. On regarde la mer et un cargo arriver. Le nôtre, au loin. On avait appelé le taxi qui nous avait laissé sa carte sur le trajet Pipa-Natal. Il doit venir à 9h. On descend à 8h55. 9h10, on va exploser d’impatience. On appelle. Il arrive à 9h20. Sur le chemin du port, il fait le guide touristique : ici les dunes, là-bas le centre-ville, ici Miami Beach, là-bas un nouvelle immeuble. Il est marrant. Il nous montre la file de voitures accumulées derrière la carcasse d’une autre voiture calcinée, cause de son retard de ce matin. On arrive vers 10h au 1 rua Chile. L’entrée du port. Une petite guérite avec un homme et une barrière. Derrière, des rangées de conteneurs… L’homme s’approche. Nous demande nos passeports et les faits correspondre avec une feuille d’émargement. Il nous montre un bâtiment à 300 mètres et nous dit d’y aller. On passe dans les rangées de conteneurs, seuls, le soleil cogne, on y est. Le port est désert aujourd’hui. On rencontre Rodolfo. Il est sympa comme au téléphone et sans plus de cérémonie, nous emmène au bateau. Enfin, on le voit. Petite émotion : le CMA-CGM Marseille, construit en 2015. Quand on est partis, il n’existait même pas ! 190 mètres de long et 30 de large. Un « petit » porte-conteneurs en somme. Après une photo souvenir, on grimpe la petite échelle accrochée au flan du cargo.
En haut, sur le pont, un officier nous fait signer un registre : ça y est, on est officiellement passagers du bateau. On donne nos papiers médicaux et passeports au bureau des officier et Arthem, le 3ème officier nous emmène à notre cabine au pont E, soit 5 étages plus haut… avec tous les sacs, on peine dans les escaliers raides. On découvre notre cabine petite mais fonctionnelle avec son canapé, son bureau, sa minuscule salle d’eau et un petit lit (après mesure il fait 1m20… pour deux ça fait juste). On rencontre nos deux co-passagers, qui sont dans les cabines à côté : Eric, un Américain qui en est à son 3ème cargo (et qui est, de fait, un peu blasé) et Marta une tchèque. Fait surprenant pour les voyages en cargo, la moyenne d’âge est assez jeune puisque nous avons tous les trois une trentaine d’année. A notre pont, il y a aussi une salle à disposition des passagers avec de l’eau en bouteille, du thé et des biscuits et des guides de voyage/médicaments laissés par les précédents passagers. Après visite des cabines de nos amis : elles sont plus grandes que la nôtre, avec un plus grand lit et 2 casques et gilets de sauvetage alors que nous n’en avons qu’un dans la nôtre… Bizarre… Ont-ils payés plus cher que nous ? On ne saura pas, on préfère imaginer. D’autant qu’on ne veut pas échanger notre cabine qui est la seule à donner sur l’avant du bateau avec la vue sur les conteneurs et le pont et non le bruit et les odeurs du moteur et de la soufflerie. Après une courte balade, c’est déjà l’heure du repas. On s’habituera assez vite à manger toute les 4/5 heures, les repas rythment vraiment la journée à bord et grâce à ce rituel, on se surprendra à trouver que les journées passent trop vite !
On rencontre Victor, le messman (homme à tout faire) du cargo. On rencontre aussi les officiers qui mangent dans la même salle que nous et qui sont tous d’origine Ukrainienne, et pas très bavard. Le reste de l’équipe est constituée de Philippins. L’après-midi, on redescend se promener au soleil le long du quai du petit port de Natal. On a de la chance, on peut s’y promener à pieds et observer les aller et venus des uns et des autres. Aujourd’hui c’est peinture de la coque. On retrouve Rodolfo qui en profite pour nous raconter des anecdotes sur le bateau : il fait la taille maximale pour entrer dans le port de Natal qui n’est profond que de 10 mètres et pouvoir en sortir en passant sous le pont plus loin. Il possède aussi ses 3 propres grues pour charger les conteneurs amenés directement par des camions sur le quai, car il n’y a pas de cavaliers ici, comme dans les autres ports. Il fait toujours le même trajet et transporte essentiellement des fruits en saison. Comme c’est la basse saison en ce moment, ils n’ont que 60 conteneurs à charger contre 500, c’est pour cela que le port tourne à vitesse réduite. On apprend aussi que l’on partira lundi à 12h. L’après-midi passe vite et c’est déjà l’heure de dîner