On repart de Rotterdam dans la nuit. Dès notre réveil, on suit notre approche des côtes Françaises sur le GPS. On se demande même si l’on ne va pas arriver aujourd’hui (lundi) contrairement à ce qui était prévu (le mardi 4 juillet à 14h) car on est très proche et on navigue assez vite. Panique à bord car nos parents pensent que l’on arrive plus tard et aucun moyen de les prévenir… Le Capitaine ne peut pas nous en dire plus, cela va dépendre de la disponibilité des bateaux pilotes. On commence à apercevoir les falaises de craie !! On fait nos sacs pour calmer la nervosité ! On est prêt comme jamais ! Le repas du soir est tendu, on scrute, on se tord le cou par la fenêtre, on ne veut pas louper : et enfin ça y est, des lieux connus : on est en face d’Etretat ! On ne peut plus en décoller nos yeux ! 3 ans que l’on n’avait pas vu la France et l’on a la chance de revoir les côtes Normandes en premier. On demande à montrer à la salle de navigation pour suivre les opérations de près. La nuit tombe sur la côte, on voit des lumières scintiller au loin : LE HAVRE ! La maison ! Dans la soirée, on va se poster sans bouger près d’autres cargos un petit peu au large. On doit attendre ici que le bateau pilote vienne nous chercher vers 1h du matin.
On redescend dans notre chambre pour essayer de dormir un peu. Evidemment on ne ferme presque pas l’œil ! On sort dans la nuit fraiche de l’été pour observer. On bouge déjà. Il n’est pas 23h… On voit défiler les lumières et les formes se préciser : l’église Saint Joseph, la plage, les galets, la digue… On peut même apercevoir les gens se promener sur la plage ! On est si proche et si loin en même temps ! On voit le Havre sous un angle nouveau, depuis la mer. On passe le port et l’entrée du chenal au ralentit. On arrive à port 2000, avec ses portiques que l’on connaît bien et d’autres portes conteneurs. Ce spectacle, on l’a vu des centaines de fois depuis la ville, mais cette fois ci, on est sur le cargo ! On entend parler les dockers entres eux : en Français ! On a trop hâte de descendre ! Le bateau s’arrête enfin, on remonte aux nouvelles. Pas le droit de sortir avant l’arrivée de la douane demain matin. Coup dur, mais bon au moins on sera un peu reposés pour la journée qui risque d’être forte en émotions. On file essayer de dormir, il est 2h du matin.
5h, le réveil sonne : on s’éjecte du lit. Ça commence à s’activer sur les quais autour du cargo. On est mardi 4 juillet 2017. Le dernier jour de notre voyage, le jour où on va reposer les pieds sur le sol Français après 1082 jours à parcourir le monde. On va aux nouvelles, quelqu’un de la CMA-CGM devrait venir vers 6h30 pour les formalités. On essaye d’avaler un petit déjeuné. On se demande où sont nos parents, ils ont demandé l’autorisation pour venir sur le bateau… mais ne semblent pas venir avec le gars de la CMA-CGM. Il est sympa et (évidemment) il parle Français ! Trop facile pour s’expliquer ! Le gars nous explique qu’il a bien eu notre famille au téléphone à 3h du matin car ils ont su que le cargo était à quai. Le Capitaine à bien l’autorisation de montée à bord des parents avec lui. On emprunte le téléphone du gars. Notre famille est coincée à l’entrée du port par la douane qui ne veut rien savoir. Qu’à cela ne tienne, on demande au gars s’il peut nous emmener à l’entrée et il accepte. En 5 minutes, on est aux barrières de la douane… que l’on passe sans s’arrêter ! Bon pas de contrôle des sacs, normal ! Au loin, on voit les voitures de nos parents ! Ils sont là ! On sort de la voiture, émus et content de rentrer après tant de kilomètres parcourus, de choses vécues… Ça nous paraît fou en les voyants que 3 années se soient écoulées. Presque comme si elles s’évanouissaient en un claquement de doigt et n’avaient finalement durées que quelques jours. Comme si on était partis hier. Pour cette journée à Berlin.